BULAWAYO !!!
BULA, BULA, BULA-WA-YO !!! Nous y voilà, après 10 semaines et 4700km de vélo, nous avons atteint la magnifique ville de Bulawayo ! Malawi, Mozambique et Zimbabwe : nous avons donc 3 pays de notre périple à vous raconter.
La Malawi a été pour nous le pays des extrêmes. D'abord, par son extrême densité : nous avons un soir dû faire 20km de vélo pour trouver un endroit discret où camper. Chose étonnante quand on la compare à la vacuité de notre dernière route Tanzanienne ! Autre extrême : l'attitude de la population. La Malawi est surnommé "Warm heart of Africa" et nous avons compris pourquoi : les Malawiens sont toujours chaleureux et prêts à aider, et ça se sent très rapidement. Mais leurs enfants démentent complétement ce constat : tout le long du lac, une bonne partie des enfants nous disait bonjour de la même façon : "give me money". On se souvient de ce village où une vingtaine d'enfants nous coururent après en criant "money money money"... Difficile de leur en vouloir en soit, mais être considéré comme un distributeur est agaçant à la longue.
Nous avons aussi eu des conditions de vie très différentes d'un jour à l'autre. Après 4 nuits de camping sauvage, nous avons enchainé 5 nuits de couchsurfing dont 2 dans un village très pauvre et trois chez des locaux ou expats très riches...
Enfin, le dernier extrême concerne le chemin : nous avons fait 400km extrêmement plat en bord de lac (moins de 200m de D+ lors de notre nouvelle journée record à 153km), puis 300km de collines/montagnes en s'éloignant de la rive. Étonnamment, nous avons préféré cette deuxième partie car bien qu'elle ait été plus éprouvante physiquement, les décors étaient magnifiques alors que le plat du lac Malawi devenait peu passionnant au bout du quatrième jour...
La Malawi fut également le pays de deux événements d'importance ayant d'ailleurs eu lieu le même jour : notre premier safari, et la première vraie maladie de Bidou ! Les photos de l'un sont préférables à celles de l'autre...
Après le Malawi, nous avons passé trois petits jours au Mozambique. Pas grand chose à dire à part que nous avons été agréablement surpris par le niveau d'anglais des habitants dans cette ancienne colonie portugaise, comparé par exemple à la Tanzanie, et que nous y avons probablement fait notre meilleur couchsurfing chez une famille extrêmement sympathique. Nous y prenons notre premier verre de vin en deux mois, et Bidou en repart avec un téléphone et des pédales toutes neuves (encore merci Kate&Marc). Seul bémol : ils étaient Sud-Africains, et nous avons donc assisté en live à leur défaite en coupe du monde de Rugby.
Kate et sa petite famille, profs sud-africains pour les enfants d'ingénieurs Zimbabwéens travaillant dans une usine de tabac au Mozambique
Reste enfin le Zimbabwe ! Nous comptons consacrer un article complet à cet incroyable pays, et nous allons donc nous concentrer ici sur la route et nos aventures.
L'arrivée au Zimbabwe était étonnement facile. Nous partions de Tete au Mozambique, à 300m d'altitude, pour rejoindre le plateau Zimbabwéen à 1400m d'altitude. Nous nous attendions à bien subir, mais la montée s'est finalement faite très doucement sur toute la route. Une fois passée la frontière, nous sommes agréablement surpris par les décors. La route jusqu'à Harare offre des paysages splendides dans une campagne très peu peuplée, un plaisir.
Deux campings sauvages plus tard, nous arrivons à Harare, la capitale, où nous dormons chez un blanc Zimbabwéen, Hayden. Vous avez peut-être remarqué que pour la première fois nous faisons la distinction blanc-noir. Ce n'est pas un hasard : la question raciale au Zimbabwe est encore très forte et palpable, comme nous en parlerons dans notre prochain article.
Bref, premier constat sur Harare : il y a de la richesse dans le coin. Villas immenses, centre-ville moderne... Preuve que tout le monde n'a pas les mêmes conditions de vie dans ce continent.
Nous passons une journée à visiter Harare, son jardin botanique, ses cathédrales et sa galerie d'art, expérimentons le stop pour nous déplacer, et prenons la pluie...
La ville est vraiment intéressante et demande bien cette journée de visite. Après une soirée dans un bar branché local (où blancs et noirs boivent en groupe séparés), nous repartons pour Bulawayo ! Nous pensons y arriver en trois jours, après un stop à Chegutu, où vit une amie d'Hayden qui peut nous héberger.
Sur la route, nous vivons notre moment le plus dangereux du trajet. A un endroit, et sur 500m, nous nous faisons interpeller successivement par plusieurs militaires armés. Habitués à éviter les barages de police (pour ne pas avoir à payer de bakchich), nous faisons notre technique habituelle du "hello how are you ?" et du grand sourire sans s'arrêter. Cela marche d'habitude tout le temps, mais là nous ne sommes pas sereins. Au bout d'un moment, plus rien : les militaires nous laissent tranquilles. En fait, nous apprendrons plus tard que nous pédalions devans le palais présidentiel, chose interdite... Il y a quelques années, les militaires auraient peut-être tiré. Pour l'anecdote, un ami d'ami a une fois pris une photo de ce palais. Il a fini sans appareil photo après plusieurs heures au commissariat et une grosse amende...
Malgré cela, nous arrivons sains et saufs à Chegutu. Nous rencontrons Aléa et sa mère, toutes deux très accueillantes, sympathiques et intéressantes. Il nous reste environ 330km jusqu'à Bulawayo. Nous voulons en faire 150 le lendemain puis 170 pour finir sur un record ! A 5h30 le samedi matin, nous sommes en train de petit-déjeuner, bagages préparées, tenues enfilées, quand Aléa nous propose de rester une journée de plus pour aller à une soirée ce soir-là. 30 secondes d'hésitation plus tard, on tombe dans le piège d'accepter, et ne repartirons finalement de Chegutu que 48h plus tard...
En effet, dans cette petite bourgade qui voit rarement passer des voyageurs, nous avons un peu été l'attraction de la soirée et, hospitalité zimbabwéenne oblige, on nous a offert un paquet de coups à boire : impossible de se lever le lendemain matin... Fait intéressant : au moins quatre personnes nous ont reconnus avant qu'on leur parle car elles nous avaient croisés sur la route et ont tout de suite reconnu la barbe de Xavier !
Nous partons finalement à regret de Chegutu tellement la vie y était douce (difficile de quitter Aléa, sa piscine et son vin), et décidons finalement de rallier Bulawayo en trois jours. La route est belle mais dans un autre style : très plate. Mais surtout, cette route est marquée par un sentiment de nostalgie : partout, nous voyons des fermes et des champs abandonnés, symbole d'un passé glorieux de l'agriculture zimbabwéenne, bien que mitigé à cause des injustices raciales qui régnaient alors (cf. article sur le Zimbabwe).
Malgré cette route plate, le trajet jusqu'à Bulawayo ne sera pas de tout repos. Nous y subissons la première grosse pluie de nos deux mois de vélo, mais surtout notre première journée sans soleil. Les nuages et le terrible vent de face sur 70km lors de notre avant-dernière journée nous feront bien subir. La température de 20°C maximum nous fera d'ailleurs pour la première fois passer la journée en pull (décembre en France sera difficile...). Ajoutez à cela 4 crevaisons en 3 jours (portant le total à 10), et vous obtenez une arrivée à Bulawayo bien méritée !
Comme nous le disions plus haut, Bulawayo est une ville plutôt belle et sympathique qui propose musées et parcs que nous nous apprêtons à visiter. Mais nous sentons, chers lecteurs, que vous vous posez une question plus urgente : "et après ?".
Et bien après... l'Océan Atlantique ! Des chutes Victoria, notre prochaine destination, nous allons traverser la bande de Caprivi et le désert de Namibie pour rejoindre notre cher océan. Après seulement, nous poserons les vélos et discuterons d'un éventuel retour en Europe ! En attendant, l'aventure continue...
Et en bonus : le clip officiel du voyage !!!